La science fiction est, à mon sens, une des littératures les plus nobles.

Pourtant romans de gare, essais philosophiques et pièces de théâtre semblent plus à même de remplir les bibliothèques des élitistes. Ces amis chez qui vous vous rendez et dont vous pouvez voir la bibliothèque garnie de classiques. Des livres aux tranches immaculées comme si elles n’avaient jamais connu les dommages d’un transport dans un sac, la malencontreuse goutte de café qu’on renverse lorsqu’on est plongés dans son récit ou simplement la torsion que l’on applique pour lire tranquillement dans son lit. Je sais, vous savez, ils savent, mais on ne posera pas la question de s’ils ont vraiment lus ne serait-ce qu’un seul de ces bouquins.

La science fiction s’emploie à traiter des problématiques actuelles, et futures. C’est un porte ouverte sur l’avenir et les dérives de l’humanité. Je pourrais vous parler pendant des heures du cycle de fondation, ou encore de la façon.

Étant féru de nouvelles technologies, de science-fiction et assez peu optimiste quant au devenir de notre civilisation j’ai forcément été intrigué par la série Black Mirror. Pourtant le visionnage de cette dernière est comme une petite lame de rasoir que l’on me plante dans le cerveau. Non pas que la série ne soit pas de qualité, mais parce qu’elle est trop proche du réel.

Vous vous souvenez de l’épisode ou une mère, devenue veuve, commande un clone de son mari ? Et bien je vous présente Here After AI. Une entreprise qui propose une intelligence artificielle qui va reproduire la façon de converser d’un être que vous avez perdus. Et cette dernière existait déjà lorsque l’épisode est sorti (il y a maintenant quelques années). Une proposition réjouissante, pas du tout flippante et surtout véritablement saine pour la santé mentale. Et moi qui croyait que le business de la mort ne pouvait pas être plus cynique que la fois où on m’a fait payer 400€ le produit pour euthanasier mon chat.

On se souvient tous de l’épisode ou les gens se notent les uns les autres ? Bon et bien le crédit social chinois est en place depuis quelques temps désormais. Avec de fortes restrictions pour les citoyens qui ne parviennent pas à obtenir une bonne note. Mais pas besoin d’aller chez nos amis à la grande muraille. Vous êtes notés sur l’ensemble des applications que vous utilisez (oui, vous notez votre chauffeur Uber et lui aussi vous appose une notation). Pareil, ne croyez pas que votre assurance vous offre une montre connectée pour rien. Demain si vous n’avez pas fait vos 20 000 pas, votre crédit immobilier vous passera sous le nez. Vous ferez de l’exercice en cherchant sous quel point dormir.

L’episode ou les être humains rechargent des appareils électroniques en courant sur des tapis de course ? Le tout pour se payer des habits pour leur avatars virtuels… Êtes vous déjà allés dans une gare parisienne et avez-vous vu (ou même utilisés) les vélos qui proposent de pédaler pour recharger son téléphone ? Avez-vous entendus parler du Metavers et des NFT RTFKT (des sneakers virtuelles) ?

L’épisode ou un avatar virtuel se présente à l’élection présidentielle ? Et bien devinez ce qu’on fait des candidats à l’élection présidentielle Sud Coréenne en Mars 2022… Une session de questions/réponses dans le Metavers.

Je passe sur l’épisode ou une condamnée à mort devient, sans le savoir, la vedette d’une émission de télé-realité. Car bien que cela ne soit pas vrai, j’ai entendu nombre de mes confrères humains arguer qu’un tel show serait trop cool à regarder… Je suis désespérée, désemparé devant si peu d’humanité.

Bref je m’arrête là. Effectivement regarder Black Mirror me fait du mal. Car tout est vrai, tout est actuel et tout est putain de triste. Je ne peux pas apprécier ce show qui pourtant réponds à tous mes kinks culturels. Parce que je sais. Et maintenant, vous aussi, vous savez.

A.